La municipalité de Mbangassina au Cameroun place la durabilité au cœur de ses plans de développement
Mbangassina est une commune située dans la région du Centre du Cameroun. La commune couvre une superficie totale d’environ 815 km², comprenant 19 villages avec une population d’environ 60 000 habitants. Le cacao est la principale culture de rente de la région, représentant plus de 70 % des revenus des ménages. Il est souvent cultivé dans le cadre de systèmes agroforestiers, qui combinent cacaoyers et arbres d’ombrage, fournissant des fruits, du bois de chauffage et du bois d’œuvre aux producteurs de cacao. Les plantations de cacao se sont cependant développées au cours des dernières années, devenant l’un des principaux moteurs de la dégradation des forêts dans la municipalité.
La municipalité est située à la frontière de deux écosystèmes clés, un écosystème forestier et un écosystème de savane, ce qui rend la région plus vulnérable au changement climatique, qui est accéléré par le changement d’affectation des terres. La faible productivité du cacao, la faiblesse des organisations paysannes, le faible accès aux marchés, le peu ou pas d’options de valeur ajoutée et la faiblesse des chaînes de valeur pour les cultures vivrières sont autant de facteurs qui entraînent de faibles revenus pour la population agricole dominante de Mbangassina.
Les autorités locales, les organisations paysannes et les représentants de la société civile reconnaissent la nécessité de maintenir le couvert forestier à Mbangassina tout en veillant à ce que la population croissante de la municipalité dispose de sources de revenus stables grâce aux activités agricoles. Avec le soutien de l’IDH et du WWF, ils se sont lancés dans un voyage visant à soutenir les moyens de subsistance des communautés, à accroître la durabilité de la production de cacao, tout en veillant à ce que les forêts soient protégées et restaurées.
Le 22 décembre 2020, 30 acteurs du secteur public, du secteur privé et de la société civile ont signé une lettre d’intention, par laquelle ils ont convenu de mettre en place une coalition multipartite et d’élaborer un Plan Local d’Aménagement du Territoire et de Développement Durable (PLADDT) pour la municipalité. Ce plan de développement se concentrera sur l’augmentation de la durabilité et de la viabilité économique de la production agricole, la protection et la restauration des forêts, le soutien au régime foncier des communautés, entre autres sujets. Il sera développé avec le soutien de la Facilité EUREDD-EFI, du ministère de la Décentralisation et du Développement local et du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Economie.
M. Belinga Belinga, chef traditionnel du village de Boura 1 a exprimé sa gratitude pour la signature de la lettre d’intention :
« Nous sommes heureux d’avoir été choisis pour faire partie de l’initiative IDH. Nous devons changer l’ancienne façon de travailler et l’améliorer. Nous avons besoin d’avoir d’autres connaissances qui peuvent nous aider à mieux nous exprimer sur le terrain. Par exemple, il faut éviter de détruire les arbres, car ce sont les arbres qui améliorent la biodiversité.
La lettre d’intention a été signée par des parties prenantes du secteur public (ministère de l’Agriculture, ministère du Commerce, ministère de la Pêche et de l’Elevage, ministère des Affaires sociales et de l’Officier subdivisionnaire de Mbangassina), des organisations de la société civile (Réseau des coopératives de femmes et Conseil national de la jeunesse), de la GIZ, d’EUREDD-Facility EFI, de Proforest et du secteur privé (Barry Callebaut et Telcar-Cargill).
La coalition locale nouvellement mise en place se réunira régulièrement pour contribuer au développement du PLADDT, renforçant ainsi la gouvernance de la commune. Cela créera un environnement favorable pour attirer de nouvelles sources de financement et d’investissements de la part d’institutions privées et publiques. Pour aider à canaliser ces investissements, les équipes de l’IDH et du WWF ont demandé à ICRAF de développer des projets susceptibles de répondre à certains des défis et des besoins identifiés lors d’entretiens avec les parties prenantes locales en 2020. Ces plans de projet sont maintenant prêts à être partagés avec des partenaires et des investisseurs potentiels intéressés à soutenir la mise en œuvre du projet, vers une production durable de cacao, la diversification des sources de revenus des agriculteurs et la protection des forêts dans la municipalité. Ces projets sont salués par les acteurs locaux comme Mme Manga Manga Martine, représentante du Réseau des Coopératives de Femmes de Mbangassina :
« En tant que producteur de cacao, nous pensons qu’il y aura une valeur ajoutée à nos vies, car les producteurs de cacao pourront améliorer leurs revenus. »
Ces activités à Mbangassina s’inscrivent dans le cadre du programme Green Commodity Landscape Program (GCLP), un programme facilité conjointement par l’IDH et le WWF. GCLP rassemble les parties prenantes pour co-concevoir et mettre en œuvre conjointement des actions qui contribuent à protéger les forêts, à améliorer la production durable de cacao et à améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs et des communautés environnantes dans deux paysages sélectionnés au Cameroun : le Grand Mbam et le Djoum-Mintom. Mbangassina est la première municipalité du paysage du Grand Mbam à se lancer dans le programme par la signature d’une lettre d’intention. La commune de Mintom, dans la région du Sud du Cameroun, doit signer un accord similaire au premier trimestre 2021.