Vers une agriculture résiliente au changement climatique et une transition agroforestière dans l’ensemble de la forêt de Tai, Côte d’Ivoire

7 novembre 2023  - Le paysage forestier de Taï en Côte d’Ivoire est confronté à de nombreux défis, notamment la déforestation, la chaleur intense, l’irrégularité des précipitations, pour n’en citer que quelques-uns.

Comme le dit Bébé Christine, producteur de cacao, « la déforestation est la principale cause de la pauvreté de nos terres, de la chaleur intense, de l’irrégularité des précipitations, de l’absence d’eau potable dans les puits, etc. Ces phénomènes ont un impact très négatif sur notre vie au village.

Bébé Christine a rejoint Ecookim (une coopérative basée en Côte d’Ivoire) avec l’intention de faire la différence et d’améliorer la vie de ses collègues agriculteurs de son village.

« Après avoir reçu une formation sur le terrain et lors de campagnes de sensibilisation dans les villages, j’ai réalisé que je devais adopter de bonnes pratiques agricoles et planter des arbres dans mon champ pour améliorer ma production de cacao et diversifier mes revenus », a-t-elle déclaré.

Fin septembre 2023, 388 formateurs ont été formés à l’agroforesterie, au code forestier et à la certification foncière. De plus, l’utilisation de brigades a permis d’accélérer les semis et d’accroître l’enthousiasme des agriculteurs pour l’agroforesterie. De telles initiatives sont encouragées dans les futurs projets d’agroforesterie. À ce jour, 8 900 producteurs adoptent l’agroforesterie et le nombre de semis plantés pour l’agroforesterie est de 451 103. Le reboisement a également été au cœur de cette transformation. Un nombre incroyable de 90373 arbres de reboisement ont été plantés et vivants après la première année du projet.  Le véritable tournant a été l’arrivée des entraîneurs dans leurs domaines. Ces mentors et leurs conseils ont suscité un véritable enthousiasme de la part des agriculteurs. Leur présence symbolisait l’engagement de la coopérative et de ses partenaires dans une quête d’amélioration des conditions de vie des producteurs de cacao à travers la valorisation de leurs techniques de culture du cacao.

Pour soutenir les efforts d’agroforesterie et s’appuyer sur leurs réalisations, Ecookim, en collaboration avec le programme ISLA de l’IDH et le Fonds LDN, a identifié une approche basée sur le marché comme la solution idéale, impliquant des primes de la part de partenaires du secteur privé et d’acheteurs de cacao pour préfinancer la transformation de la chaîne de valeur. Cette approche innovante favorise non seulement l’indépendance vis-à-vis des subventions, mais offre également une flexibilité dans les négociations avec les acheteurs d’Ecookim.

Cependant, ces efforts ont été accompagnés de leur lot de défis. La plupart des producteurs de cacao vieillissent, et l’indisponibilité ou le coût élevé de la main-d’œuvre constituent un défi de taille pour la mise en œuvre réussie des orientations agricoles. Un autre défi est l’enregistrement foncier. Dans de nombreux cas, la propriété foncière reste informelle, régie par le droit coutumier. Les producteurs de cacao n’ont généralement pas de documents officiels, tels que des certificats ou des titres fonciers, pour prouver qu’ils sont propriétaires des parcelles et des arbres associés. La formalisation de leurs droits fonciers est devenue cruciale pour permettre aux producteurs de cacao de reconnaître la valeur des arbres forestiers d’un point de vue agronomique et économique. 

Faire partie de ce projet a permis d’autonomiser les agriculteurs, tout comme Bébé Christine, qui n’a plus de doute sur l’utilisation de l’agroforesterie, car « le projet lui fournira un certificat foncier grâce auquel [elle] pourra faire valoir la propriété des arbres auprès des autorités forestières ».

Alors que ce voyage se poursuit, l’engagement des producteurs de cacao à adopter l’agroforesterie ainsi que les engagements des partenaires à améliorer leurs moyens de subsistance font de ce projet une recette de succès.

Informations générales

IDH soutient les activités d’agroforesterie et de reboisement dans 22 coopératives du réseau Ecookim en améliorant sa préparation à l’investissement avec le soutien de l’assistance technique.

Le projet vise à fournir aux producteurs de cacao

un accès au financement, à encourager les producteurs de cacao à adopter des pratiques durables, notamment l’agroforesterie en leur fournissant une certification foncière. Pour que les agriculteurs perçoivent leurs forêts comme un moteur d’opportunités économiques, il est essentiel de les accompagner dans la formalisation des droits fonciers.  Le projet est mis en œuvre dans une optique de genre, Ecookim a consacré des fonds à la formation de groupes de femmes et à l’offre d’opportunités de revenus pour les femmes.